Bien souvent, je suis sollicité en séance de coaching pour résoudre des problèmes « limpides » : « on m’a fait remarquer que mon comportement n’était pas approprié, je souhaiterai donc en changer, et je viens vous voir pour savoir comment faire ». De plus, la situation est énoncée d’une voix monocorde, sans affect, comme s’il s’agissait d’un simple problème de mathématiques de notre enfance : « si une baignoire fuit à raison de X gouttes d’eau par minute, en combien de temps sera-t-elle vide ? ». Exposé ainsi, la tentation serait grande de vouloir répondre à la question posée ! la vigilance nous conduit au contraire prendre « les chemins de l’école buissonnière » pour tenter d’attraper au vol les « signaux faibles » qui pourraient s’inviter à l’insu du plein gré de notre interlocuteur pendant son exposé : micro variations de l’intonation, de la vitesse d’élocution, gestes à peine esquissés et mouvements involontaires sont autant de signaux à capter. Ainsi repérés, puis proposés, amplifiés auprès de notre client, ils sont alors l’occasion de saisissantes transformations : le temps semble s’étirer, la parole se ralentit, laissant (enfin) le corps s’exprimer dans son propre langage, sous la forme d’une émotion naissante. Partagée, verbalisée avec le coach, elle permet de réexaminer le problème posé initialement : bien souvent, ce qui émerge n’est plus un problème mais une ré écriture qui prend la forme d’un processus dynamique, dans lequel viennent spontanément prendre place l’expression de comportements enthousiasmants à expérimenter !
En somme c’est bien l’incarnation du discours, sa perception, son partage puis une verbalisation intégratrice qui révèle notre capacité à trouver en nous nos propres solutions « écologiques ». Au fond, nous pourrions adopter cette « hygiène du traitement de nos problèmes » simplement chaque jour. Si l’exposé que j’en fais ne m’évoque rien « au plus profond de ma chair », il y a fort à parier que le problème n’en soit pas un, ou que sa formulation soit inappropriée. Dès lors, le partage avec un ami, un collègue, un coach, sera l’occasion de lui donner corps, de lui prêter attention dans l’intimité de la relation, condition essentielle à une genèse transformatrice.
Vive l’école buissonnière !